Le foulard et la bécasse
Pourquoi, rien qu’une fois, un chasseur de bécasse
n’aurait pas le sentiment que la bécasse est bien plus forte que lui, que ses
chiens, que son adresse et les milliers
de plombs qui ont essayé de l’atteindre ? Pourquoi la traque de l’oiseau
devient une obsession telle que l’on puisse dire : j’ai levé quinze fois
la même bécasse avant de la tuer ?
Pourquoi ce chasseur n’aurait-il pas la présence
d’esprit du président de la corrida, qui agitant son foulard orange décide l’indulto ! grâce accordée avant l’estocade à un taureau qui a démontré de la
bravoure dans le combat et est jugé plus qu’exceptionnellement bon !
Je pense que la plénitude doit vous envahir quand à
la quinzième envolée de l’oiseau. celle-ci vous passe longuement plein travers,
elle est immanquable, vous avez le sentiment qu’elle est déjà morte… mais le
canon ralenti sa course, lentement le doigt quitte la queue de détente, on
ouvre son fusil, la main caresse le dos du chien et on se dit que… c’est
vraiment une belle journée !